mardi 2 décembre 2008

BALLADE DU STADE DES MARBRES

Au printemps, l’an passé, lors d’un voyage à Rome,
Un jour, je m’égarai dans un faubourg lointain
Où du Stade des Marbres je découvris les hommes
Sculpturaux qu’engendra le sol ultramontain.
Chacun représentait de son pays latin
Une ville ou contrée. Le superbe alpiniste
De Bergame venu exhiber au touriste
Ses somptueux pectoraux et sa mèche rebelle
Regardait magnifique en direction du ciel.
Les bras audacieux du marcheur de Novare
Aux rondes génitoires semblaient battre l’appel
Des mâles et martiaux athlètes de carrare.

Hélas, j’appris bientôt que l’art de ce forum
Était mussolinien bien plus que libertin
Et que la dictature avec ce décorum
Illustrait les valeurs d’un état puritain.
Du plongeur de Pola aux cuisses de satin
À soutenir le cul un épaulard persiste.
D’Ascoli Piceno le brutal pugiliste
Dont le roide abdomen de muscles se cisèle
Cache en son short étroit un zob exceptionnel.
Le marcheur de Turin défile au pas du jars
Dont le rythme viril entraîne le cheptel
Des mâles et martiaux athlètes de carrare.

Est-ce que l’art fasciste emprunte de Sodome
Les goûts et l’esthétique par un hasard mutin,
Ou serait-ce que nous, qui trop amateurs sommes
Des charmes masculins, en frivoles catins,
Cédons à qui mieux flatte au plus bas nos instincts ?
Faudra-t-il renoncer au rogue duelliste
D’origine inconnue qui, sous toge en batiste,
De fermes braquemarts exhibe deux modèles,
Au beau lanceur ligure dont pubis et aisselles
Sont avec soin rasés ? Faut-il mettre au rancart
Du marin de Venise la cambrure sensuelle,
Les mâles et martiaux athlètes de carrare ?

Vous, mâles agressifs, pantins artificiels,
Sachez que la tendresse à l’homme est naturelle.
Mais ensemble chantons de Buttini la gloire,
Le sculpteur talentueux bien que très officiel
Des mâles et martiaux athlètes de carrare.

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Et moi, et moi, et moi!

Ma photo
Paris, Ile-de-France, France
Aède érotomane, mélancolique et blagueur.

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